Ecran
Festival
de Cannes
Une affiche au parfum d'Avventura
Après
la fausse Marilyn aux yeux bandés de l'an dernier, c'est une femme
vue de dos qui figure sur l'affiche officielle du 62e
Festival de Cannes, elle a été créée par Annick Durban. Inspirée
d'un photogramme de L'Avventura (1960), chef-d'œuvre absolu du
cinéaste italien Michelangelo Antonioni, elle représente une silhouette
féminine, comme arrêtée dans son mouvement, qui "semble ouvrir
une fenêtre sur la magie du cinéma et invite au rêve…". Cette
silhouette est celle de Monica Vitti, héroïne de ce film sur l'amour,
l'errance, la perte, le bouleversement.
Dans
L'Avventura, Antonioni suivait un groupe de jeunes gens
en croisière sur un yacht. A une escale, Anna disparaît sans explication.
Son amant, Sandro et sa meilleure amie, Claudia, (Monica Vitti)
se mettent à sa recherche... et tombent peu à peu amoureux...
En 1960, le film avait été accueilli sous les huées des spectateurs
cannois déçus par l'absence d'explication sur la disparition d'Anna
alors qu'en ce mystère non résolu se dissimulait la clé de voûte
du film récompensé par le Prix du Jury. Pour ma part, j'ai dû
le voir au moins quatre ou cinq fois à sa sortie sans en épuiser
le charme énigmatique. La beauté plastique des images en noir
et blanc, l'atmosphère oppressante qui les baigne de bout en bout,
la présence de Monica Vitti en font un film culte au charme inépuisable.
Monica Vitti n'avait
peut-être pas un physique de star mais elle était mieux que cela
; lumineuse et atypique, intellectuelle et sensuelle, elle incarnait
à mes yeux tout le mystère de la féminité. Pour son rôle dans
L'Avventura, elle a obtenu le prix de la meilleure actrice
de l'année 1961 décerné par la British Academy Award. Aujourd'hui,
en relisant sa biographie, j'ai quelque peine à imaginer que cette
actrice à la grâce intemporelle, comme ce film, puisse avoir 77
ans.
De
son vrai nom Maria Luisa Ceccarelli c'est sa rencontre avec Michelangelo
Antonioni qui a véritablement lancé sa carrière. Elle figure dans
ses plus grands films (L'Avventura, L'Eclipse, La Nuit, Le
Désert rouge...) où elle se distingue par sa beauté froide
et son élégance. Elle devient ainsi l'égérie du réalisateur, ce
qui ne l'empêche de tourner avec les grands cinéastes italiens
de l'époque tels que Pasolini dans Accatone, ou Scola
dans Drame de la jalousie. Elle se fait de plus en plus
rare à partir des années 70 malgré de grandes collaborations par
exemple avec Luis Buñuel dans Le Fantôme de la liberté.